Hommage à S. PATY et D. BERNARD

Lundi 14 octobre, 10h20, tous les établissements d’enseignement de France, de métropole et d’Outre-mer, ont rendu un vibrant hommage aux enseignants, Samuel PATY et Dominique BERNARD, tombés au champ d’honneur de la République. Voici le discours prononcé devant tous les élèves du collège par Mme GERARD, principale du collège.

Le 13 octobre 2023, Dominique Bernard, tombait sous les coups de couteau d’un terroriste.

Cet assassinat survenu trois ans presque jour pour jour après l’attentat contre Samuel Paty était une nouvelle attaque contre l’école, lieu de transmission du savoir, des principes et valeurs de notre pays et tremplin vers la vie d’adulte.

Dominique BERNARD et Samuel PATY n’ont pas été assassinés par hasard, ils l’ont été parce qu’ils étaient enseignants.

Certains d’entre vous étaient très jeunes en ce 16 octobre 2020 et ne se souviennent sans doute pas des détails de l’assassinat de Samuel Paty, enseignant d’Histoire-géographie au collège du bois d’aulnes de Conflans Sainte Honorine à quelques kilomètres d’ici.

C’est en partie sur les réseaux sociaux que ce drame s’est noué, parce que des rumeurs y ont circulé, parce que certains ont raconté des choses fausses, parce que d’autres y ont cru sans chercher à savoir la vérité, parce que quelques-uns ont agi sans réfléchir aux conséquences dramatiques qu’une publication sur internet peut avoir. Tout cela combiné a conduit à l’assassinat d’un enseignant le soir des vacances de Toussaint, à quelques mètres de son collège alors qu’il en repartait le soir pour rentrer chez lui.

L’an dernier, à 11 heures du matin, un terroriste attaquait à coups de couteau Dominique Bernard, enseignant de français à la cité scolaire Gambetta-Carnot d’Arras, le poignardant devant ses collègues et ses élèves avant de blesser dans la cour d’autres membres du personnel de l’établissement, dont il était lui-même un ancien élève.

Dominique Bernard et Samuel Paty n’ont pas été assassinés par hasard, ils l’ont été parce que certains ont pensé que l’on peut manquer de respect à un membre d’un établissement scolaire, que l’on pouvait s’en prendre violemment et agresser physiquement un enseignant, un représentant de l’État dans l’exercice de ses fonctions.
Cela est inacceptable mais malheureusement toujours d’actualité comme en témoigne l’agression physique dont a été victime lundi dernier une enseignante de Tourcoing, frappée juste parce ce qu’elle faisait respecter la loi de la République.

Samuel Paty, Dominique Bernard, deux collègues que nous ne pouvons pas oublier, que nous ne devons pas oublier malgré le temps qui passe, malgré le tourbillon de l’actualité qui passe d’un sujet à un autre, d’un drame à un autre.
Bien que depuis quatre ans, nous nous réunissons chaque mois d’octobre pour nous souvenir et rendre hommage, cela ne peut pas, cela ne doit pas devenir une simple routine.

Ce moment doit être au contraire pour nous, adultes, l’occasion de redire notre extrême vigilance et notre profond attachement à transmettre et faire vivre nos valeurs, et ce quelle que soit notre fonction, quelle que soit la discipline enseignée : la liberté d’expression, la liberté de pensée et bien sûr la laïcité qui sont les fondements de notre démocratie.

Ce moment doit être pour vous élèves l’occasion de prendre à nouveau conscience que vous avez le devoir d’apprendre à réfléchir par vous-même, que vous avez le devoir d’apprendre à exercer votre esprit critique sans vous laisser tenter par la facilité et la désinformation, que vous avez le devoir de devenir des citoyens responsables, libres, porteurs des valeurs de la République et capables une fois adultes de les transmettre à votre tour.

Ce moment doit être pour nous tous l’occasion de rappeler la grandeur de la mission des enseignants, la force de leur engagement au quotidien et le total respect que nous leur devons, que vous, élèves, vous leur devez.

Monsieur Paty, Monsieur Bernard, nous ne vous oublions pas et notre émotion reste vive.

Vos noms restent à jamais associés en nos mémoires comme ils le sont dans l’hommage que nous vous rendons aujourd’hui.